Dans la célèbre Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1772), figure au huitième tome (1765) un article sur l’infini au sens géométrique. Signé de Jean le Rond D’Alembert lui-même (1717-1783), qui était responsable de la partie mathématique de l’ouvrage, il indique toute la force des controverses qui entouraient cette notion en cette fin du siècle des Lumières. D’Alembert signale que la notion est liée à un type de géométrie, donc de traité systématique et déductif, la géométrie de l’infini. Il donne pour exemple un traité à l’époque célèbre, les Eléments de la géométrie de l’infini de Fontenelle parus quarante ans auparavant (1727). La lecture même cursive de l’article détrompera tout de suite quiconque penserait que le calcul infinitésimal était un outillage mathématique qui allait à l’époque de soi. D’Alembert ne cite en effet l’ouvrage que pour en rappeler les critiques qui en ont été faites et ajoute les siennes, visant les fondements du calcul ou sa « métaphysique », suivant les termes de l’époque.
Mais ces disputes sur les fondements du calcul renvoient à un mouvement de fond, que nous chercherons à évoquer, qui ne concerne pas seulement les fondements des mathématiques avancées, mais la conception physico-mathématique du monde qui se met alors en place.