Dans la famille Bernoulli, qui compte huit mathématiciens sur trois générations, les mathématiques se sont transmises d’une génération à l’autre, au point que Leibniz a créé le néologisme “bernoullizare” pour désigner l’activité des mathématiciens. Peut-on parler pour autant d’une école ? Pour répondre à cette question, nous examinerons les thèmes abordés par les Bernoulli, les méthodes qu’ils mettent en oeuvre et les interventions politiques qu’ils effectuent à un niveau européen en faveur des leurs. Sujets de ce qu’on a pu appeler l’empire leibnizien, les Bernoulli oeuvrent de fait en faveur de la diffusion du calcul infinitésimal et de ses prolongements en mécanique. Ils soutiennent publiquement des controverses pour en démontrer la supériorité et se battent entre eux pour des questions de priorité. Cette compétition féroce, qui caractérise la première génération, est-elle un phénomène d'école ou doit-elle son exacerbation paroxystique aux pratiques mathématiques de l’époque ?